Ressources pédagogiques de la filière semences
0

Origine et biologie du sorgho

Le sorgho grain cultivé, appelé également sous son nom scientifique Sorghum bicolor, appartient à la famille des poacées (graminées) et à la sous-famille des panicoïdées. C’est une plante herbacée, très répandue à l’état sauvage sous les climats tropicaux et subtropicaux. Depuis des siècles, les peuples d’Afrique et d’Asie utilisent ses graines pour leur alimentation, sa paille pour le fourrage. Répandu plus tardivement en Europe et aux Etats-Unis, le sorgho y est avant tout destiné à l’alimentation animale.

Aujourd’hui, le sorgho est la cinquième céréale cultivée au monde, après le maïs, le riz, le blé et l’orge. Il est cultivé sur tous les continents, sous différents noms : le gros mil en Afrique, le millet indien en Asie ou encore le blé égyptien au Moyen-Orient.

ORIGINE ET DOMESTICATION DU SORGHO

Champs de sorgho – © SEMAE / Paul Dutronc

La domestication du sorgho a vraisemblablement eu lieu il y a plusieurs millénaires en Afrique, au Sud-Est du Sahara. Les plus vieux restes archéologiques de cette céréale ont été trouvés à la frontière entre le Soudan et l’Égypte. Ils datent de plus de 6.000 ans avant J.C. Le sorgho a ensuite migré vers l’Afrique de l’Est et du Sud.

On note ainsi en Afrique trois centres géographiques actifs dans la diversification du sorgho cultivé :

  • le centre-ouest africain qui a contribué à l’établissement des sorghos de race guinea ;
  • le centre-est africain riche en sorgho des races caudatum et durra ;
  • le centre-sud africain à l’origine des sorghos de race kafir.

Au cours du troisième millénaire avant J.C., ces différents types auraient gagné l’Asie : l’Inde et le Pakistan, puis la Chine, un millénaire plus tard. Il semblerait que le sorgho soit arrivé en Europe au 1er siècle après J.C., mais de façon marginale.

Transporté en Amérique à l’époque des grandes découvertes au XVIe siècle, le sorgho n’est véritablement diffusé qu’à partir du XIXe siècle, notamment aux États-Unis.

Au XXe siècle, la découverte de la stérilité mâle cytoplasmique a permis le développement des sorghos hybrides. Comparée à l’espèce maïs, la variation génétique s’est révélée plus limitée chez le sorgho, de sorte que les travaux sur l’hybridation n’ont pas abouti à des hausses spectaculaires de rendement, mais ils ont permis d’étendre les zones de culture, grâce à une meilleure tolérance au froid et à une plus grande précocité. Le sorgho peut ainsi se développer dans d’autres zones, comme l’Argentine, le Brésil, l’Australie… ou la France. Actuellement, le sorgho est cultivé entre le 50e parallèle Nord et le 40e parallèle Sud.

Pour poursuivre l’amélioration, il a été fait appel à des spécimens provenant d’autres régions, d’autres territoires, et à certaines techniques de sélection (voir le chapitre Sélection des variétés).

BIOLOGIE ET PHYSIOLOGIE DU SORGHO

Le sorgho est une plante pérenne qui peut être récoltée plusieurs fois par an. Mais, sous nos latitudes, le sorgho grain est cultivé comme une plante annuelle. La tige (chaume) mesure généralement un mètre de hauteur, parfois plus, pour une épaisseur de 1 à 5 cm. Les feuilles, qui ressemblent à celles du maïs, ont un limbe plat, largement arrondi à la base, de 30 à 100 cm de long sur 5 à 100 mm de large.

Epi de sorgho – © SEMAE / Emeline Teissier

Dans des conditions très sèches, elles ont la particularité de s’enrouler vers le haut et vers l’intérieur, réduisant ainsi la transpiration et la perte d’humidité. La capacité de tallage est variable selon les cultivars, et aussi selon les conditions de culture. Certains sorghos tallent très tôt, tandis que chez d’autres, la ramification n’intervient qu’après la floraison. Les températures élevées et les jours courts sont généralement des facteurs défavorables au tallage. Les sorghos fourragers sont les plus feuillus, ils parviennent plus tard à maturité.

L’espèce sorgho est principalement autogame, mais une pollinisation croisée par le vent peut se produire dans certaines conditions. C’est pourquoi la plupart des races locales de sorgho cultivées par les agriculteurs étaient constituées de mélanges de lignées pures et de lignées partiellement pures. La pollinisation croisée est plus élevée dans le cas des sorghos fourragers. La précocité de floraison est extrêmement variable. Selon le génotype, selon le climat, la plante peut fleurir 30 à 100 jours après la germination. C’est le temps humide et frais qui cause le retard de la floraison.

L’inflorescence a la forme d’une panicule, longue de 5 à 60 cm, large de 3 à 30 cm et lâche ou compacte. De l’axe central, ou rachis, partent des branches primaires, secondaires et même tertiaires. L’observation des différentes parties constitutives de la panicule permet de distinguer les types de sorgho (les « races »). Ainsi, les sorghos à balai sont caractérisés par un rachis très court associé à des branches primaires très longues (ces sorghos sont appelés « à balai » car leur inflorescence était utilisée à l’origine pour la fabrication de balais). A l’opposé, les sorghos durra ont des ramifications très courtes.

Le nombre d’épillets fertiles par panicule est variable, de 2.000 à 4.000. La couleur des grains varie du blanc au brun foncé, en passant par le roux clair.

Par son origine tropicale, le sorgho est, comme le maïs, une plante dite « en C4 », un terme qui se rapporte au mode de fixation du carbone dans la plante. Ce métabolisme lui confère un meilleur rendement pour la photosynthèse – c’est-à-dire pour la conversion de l’énergie lumineuse en matière organique – que les céréales de nos latitudes qui sont des plantes en C3. Le sorgho est parfois surnommé « le champion de la photosynthèse », car certaines variétés précoces sont capables de terminer leur cycle en moins de trois mois. En climat chaud, le sorgho a la particularité de limiter ses pertes d’eau par transpiration.