Ressources pédagogiques de la filière semences
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Une diversité de sorghos

Biodiversité cultivée du sorgho – © SEMAE / Sébastien Champion

Grain ou fourrage, mono ou multi-coupes, sucrier, fibre… Rares sont les espèces cultivées aussi diversifiées que le sorgho. Grâce aux progrès de la sélection, le choix de variétés ne cesse de s’élargir et chaque type correspond à une utilisation précise.

LE SORGHO GRAIN

Panicules de sorgho grain – © SEMAE / Sébastien Champion

Le sorgho grain est de taille réduite. Sa physiologie permet une accumulation des réserves glucidiques et protéiques dans le grain.

Si, actuellement en Europe, le principal marché du grain de sorgho est celui de l’alimentation animale, cela pourrait changer. La céréale est de plus en plus utilisée en alimentation humaine, pour la fabrication de farines, semoules, biscuits… Naturellement dépourvues de gluten, les farines de sorgho conviennent parfaitement aux personnes intolérantes.

Pour les populations d’Asie et d’Afrique, depuis des milliers d’années, le sorgho constitue une espèce vivrière, source essentielle d’énergie, de protéines, de vitamines et de minéraux. Il se consomme majoritairement en grain comme le riz, en le faisant bouillir dans l’eau.

Un créneau non négligeable est représenté par l’oisellerie, avec des exigences qualitatives précises, notamment visuelles. Le marché se concentre principalement en Angleterre, Belgique, Hollande.

Autre usage intéressant, du fait de sa richesse en glucides, la graine de sorgho est utilisée en industrie agro-alimentaire pour fabriquer du sucre, mais aussi différents alcools. C’est le cas en Chine avec le maotai ou moutai, considéré comme le meilleur alcool fort du pays. Sa renommée est d’ailleurs en train de devenir internationale. En Chine, Moutai, c’est tout à la fois une appellation d’origine contrôlée, une marque et une entreprise.

Aux Etats-Unis, comme en Amérique latine et en Europe, c’est le sorgho grain ensilage, destiné à l’alimentation animale, qui est le plus cultivé. Comparés aux variétés spécifiques grain, ces sorghos sont de plus grande taille. Là, on n’utilise pas seulement le grain, mais la plante entière, sous forme d’ensilage.

Cette céréale présente une composition chimique similaire à celle du maïs : des teneurs en amidon et matière grasse (principales sources d’énergie) presque identiques, et un taux de protéines légèrement supérieur. La proportion de fibres est un peu plus faible. Le profil des acides aminés est un peu différent de celui du maïs (moins de lysine et d’acides aminés soufrés, plus de thréonine et le double de tryptophane).

Grâce aux progrès de la sélection, les grains renferment moins de tanins, et ce critère est même devenu une norme. Pour être inscrite au Catalogue officiel français, la variété doit présenter une teneur en tanins inférieure à 0,3%. Ces composés polyphénols condensés sont à éviter dans l’alimentation animale, car ils constituent un facteur antinutritionnel important chez les monogastriques (corrélation négative forte entre la richesse en tanins et la valeur énergétique de l’aliment produit).

LE SORGHO FOURRAGER

Epi de sorgho fourrager – © SEMAE / Julien Greffier

On distingue deux grands types de sorgho fourrager.

Le sorgho multicoupe, comme son nom l’indique, est mis en culture pour être récolté plusieurs fois dans l’année, soit en pâturage, soit pour l’affouragement en vert. Sous l’appellation sorgho multicoupe, on retrouve deux types variétaux : les Sudan Grass, généralement plus précoces que les hybrides, et les hybrides Sudan x Sudan ou Sudan x Bicolor. Ces dernières variétés sont plus tardives, mais ont une productivité plus élevée. Tous ces sorghos ont l’avantage de présenter une bonne capacité de tallage. Le fourrage peut être enrubanné, voire fané, ou ensilé comme de l’herbe.

Le sorgho monocoupe (Bicolor x Bicolor) est valorisé en ensilage, soit en alimentation animale, soit au niveau industriel, principalement dans le cadre de la méthanisation. L’offre variétale a beaucoup évolué et il est courant maintenant de classer ces variétés, selon une classification en UFL (Unité fourragère laitière par kg de matière sèche) :

  • les variétés, dont la teneur en UFL apporte une valeur énergétique élevée, sont destinées à l’élevage. Cet ensilage pourra servir de ration de base pour des bovins exigeants, comme l’élevage laitier ou l’engraissement ;
  • les variétés plus riches en fibres végétales, à forte biomasse, mais moins digestibles, seront réservées aux « usages principalement industriels » : biométhanisation, biomatériaux, biocarburants… Ils sont connus sous différentes appellations : sorgho biomasse, fibre ou encore papetier ;
  • les « variétés « double usage », à teneur en UFL intermédiaire.

Pour ce groupe de variétés, mais la remarque s’applique aussi pour les autres sorghos, les avancées de la sélection nous amènent des distinctions supplémentaires, qui sont les types génétiques.

Ainsi, les variétés BMR, pour Brown Mid Rib, ou à nervure centrale brune sont caractérisés par une plus faible teneur en lignine, et plus forte richesse en sucre. L’intérêt est une meilleure digestibilité des tiges et feuilles, doublée d’une meilleure valeur alimentaire. Par contre, ces variétés sont relativement tardives, elles doivent donc être réservées aux régions à températures assez élevées. Elles ont également l’inconvénient d’être plus sensibles à la verse, d’autant qu’elles sont généralement de grande taille, pouvant mesurer jusqu’à 3,50 mètres de hauteur.

Encore une avancée de la recherche : pour éviter ces risques de verse, on a sélectionné des mâles stériles (MS), qui présentent des panicules à fleur mâle stérile, donc ne produisant pas de grains, donc à panicules allégées. L’autre solution consiste à choisir des variétés photopériodiques sensibles, dites PPS, qui ne sont pas capables d’épier sous nos latitudes, et donc restent sans panicule.

LE SORGHO SUCRIER

Le sorgho sucrier est ainsi qualifié car ses feuilles, et surtout ses tiges, sont particulièrement riches en sucre.

Il est récolté en plante entière, tant en ensilage pour les ruminants que pour d’éventuelles valorisations en biomasse, notamment pour la fabrication d’éthanol.

Son rendement en plante entière est supérieur à celui du sorgho grain. Sa teneur en amidon est faible (souvent inférieure à 10 % de la MS). Sa valeur énergétique est principalement liée à l’accumulation de sucres solubles dans ses tiges.

LE SORGHO FIBRE

Cette appellation désigne les variétés les plus riches en fibres. Comparé à celles de type sucrier, ces plantes ont une moindre aptitude au tallage, elles sont de grande taille et, surtout, elles ont la particularité d’être très riches en cellulose et hémicellulose.

Encore une fois, voici la marque de la diversité de l’espèce sorgho. Une variété « grain » et une variété « fibre » ne vont pas du tout réagir de la même façon aux procédés de production des biocomposites et ne vont pas donner les mêmes produits. Les sorghos fibre seront bien valorisés dans la filière industrielle. Et on ne compte plus le nombre de programmes de recherche en cours pour découvrir de nouvelles utilisations.