Ressources pédagogiques de la filière semences
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Rénover avec destruction de la flore en place

CHOIX DE LA MÉTHODE DE RENOVATION

Quand la solution retenue est un semis avec renouvellement total de la flore, le choix peut se porter soit sur un semis classique avec labour soit vers un semis sans labour.

Pour choisir, il faut prendre en compte les contraintes liées au sol.

Le verso de la fiche de décision permet de donner les premiers éléments de choix pour l’une ou l’autre des techniques.

Le tableau sur le choix de la méthode de rénovation ci-dessous permet de préciser les techniques à utiliser et les périodes d’interventions. Les différentes techniques énoncées sont présentées dans les visuels des parties suivantes.

Télécharger le tableau de choix
de la méthode de rénovation

LA RÉNOVATION SANS LABOUR

La destruction de la prairie est effectuée par un désherbage total. En fonction des conditions pédoclimatiques trois orientations sont possibles.

Avantages :

  • Ces méthodes permettent de rénover pratiquement toutes les parcelles, en particulier celles inaccessibles aux travaux habituels du sol (terrains trop humides, rocailleux ou très accidentés) ou pour lesquels le labour n’est pas souhaitable.
  • Elles sont plus rapides et souvent moins coûteuses que le semis après labour.
  • La bonne terre reste au-dessus, ainsi que les réserves organiques et les fertilisants…
  • La structure du sol est préservée et même améliorée par l’activité des lombrics dans le cas du semis de printemps après désherbage à l’automne.
  • L’érosion est moindre, et la « portance » est maintenue.
  • La période d’interruption de la production est réduite.

Inconvénients :

  • L’utilisation du semoir pour semis direct est coûteuse (investissement important, nécessité d’être en CUMA ou d’avoir recours à une entreprise). Mais ce matériel n’est vraiment indispensable qu’en semis direct de printemps.
  • Ces méthodes sont inadaptées en cas de sol compacté, ou si la pelisse est importante.
  • Les semences sont moins faciles à cacher, et à tasser (risques en cas de sécheresse)…

 

Le semis direct de printemps

Le semis direct est réalisé avec un semoir spécialisé après traitement herbicide total. La prairie est désherbée au moins une semaine avant le semis avec un herbicide non rémanent, en fin d’hiver lorsque le sol est réchauffé ou en cours de saison après un pâturage ou une fauche.

C’est au printemps que les conditions de réussite sont atteintes (sol humide, risques de sécheresse limités).

Cette technique donne de bons résultats en sols pauvres en matière organique (moins de 3 %).

Le semis direct permet d’avoir une parcelle qui va entrer en production en fin de printemps, à un moment où on va manquer d’herbe par ailleurs. Cette flore sera d’excellente qualité puisque uniquement feuillue.

Le semis direct de printemps après désherbage d'automne (rénovation par les lombrics)

Lorsque le taux de matière organique est élevé (+ de 3%) la réussite du semis direct en cours de saison est aléatoire. Un traitement herbicide avant l’hiver réalisé en octobre – novembre permet de détruire toute la végétation.

Le semis est réalisé soit avec un semoir spécialisé, soit avec un semoir classique précédé d’un travail superficiel rapide. En effet le « travail » des lombrics au cours de l’hiver a transformé et incorporé au sol la matière organique, réalisant un « pseudo-labour » qui rend moins nécessaire le recours au semoir spécialisé.

Dans le cas de sols très riches en matière organique (+ de 6%), une culture intercalaire de maïs par exemple, valorise l’excès de matière organique et facilite l’implantation de la prairie en semis direct après la récolte précoce du maïs.

Cette technique est économe en temps et machinisme puisqu’elle fait utiliser du matériel non spécifique. Elle permet une première exploitation de qualité, en fin de printemps, quand l’herbe vient à manquer dans les autres parcelles. Elle est l’occasion d’observer l’extraordinaire travail réalisé par les vers de terre.

Le semis d'été sans labour

Dans les zones à climat contrasté, sec en été et très humide en hiver, la réussite du semis de printemps est aléatoire et la diminution de production importante.

Le désherbage en juin-juillet est suivi, si nécessaire, par un désherbage complémentaire, voire un brûlage en août.

On sème à partir de mi-août avec un semoir spécialisé ou après un travail superficiel avec un semoir normal.

Cette méthode est bien adaptée aux sols humides à condition que la pluviométrie soit abondante en fin d’été.

Le semis d’été permet de retirer la parcelle du cycle de pâturage alors que l’essentiel de la production de l’année a été récoltée. Souvent à l’automne, il est possible de faire pâturer la jeune végétation. La chaleur est importante pour la germination. Cependant, l’humidité peut-être un facteur limitant.

LA RÉNOVATION AVEC LABOUR

Il est recommandé de procéder d’abord à un déchiquetage de la prairie et de la pelisse à l’aide d’un cultivateur rotatif à axe horizontal.

Selon le type de sol, le labour sera effectué :

  • en automne pour les sols argileux,
  • en hiver pour les sols limono-argileux,
  • au printemps, juste avant le semis pour les sols limoneux ou sableux.

Après le labour, dont la profondeur devra être adaptée à l’épaisseur de la terre arable, on prépare le lit de semences au printemps par des façons superficielles. Le semis s’effectue au semoir classique et est suivi d’un roulage.

Cette méthode n’est possible qu’avec des sols relativement faciles à travailler.


Avantages :

  • Les matières organiques sont mieux enfouies, ce qui favorise leur décomposition.
  • Le terrain est plus facile à travailler, et le sol est plus meuble en profondeur.
  • Les semences sont mieux protégées. Elles germent dans de bonnes conditions, et les plantes s’enracinent mieux.
  • Le « brûlage » ou la destruction avant labour de la « pelisse » n’est pas obligatoire.
  • La levée des espèces délicates est facilitée.

Inconvénients :

  • Les couches de terre sont inversées, et le sol se trouve un peu déstructuré.
  • Les argiles et cailloux se retrouvent en surface.
  • Les « pelisses » si elles n’ont pas été déchiquetées auront du mal à se décomposer en profondeur.
  • Le coût des travaux est plus important, et l’accès est plus difficile en terres humides, rocailleuses ou accidentées.
  • Il y a risques de « déchaussement » des jeunes plantes.
  • Les dégâts de piétinement sont plus importants, et la « portance » diminue.
  • Cette méthode favorise la « battance » des sols limoneux, l’érosion dans les pentes, la minéralisation de la matière organique et donc le lessivage des nitrates.