Ressources pédagogiques de la filière semences
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La gestion des ressources génétiques

Gérer les ressources génétiques consiste à inventorier, caractériser et évaluer, conserver, régénérer et diffuser. L’enjeu de la gestion des ressources génétiques est de garantir la disponibilité de la biodiversité cultivée pour l’avenir et en particulier de contribuer à l’adaptation de l’agriculture au changement climatique.

Les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture (RPGAA) participent à la préservation de la biodiversité dans son ensemble, mais aussi à la sécurité alimentaire, à la santé et au développement.

Deux stratégies globales de gestion des ressources génétiques sont utilisées.

LA CONSERVATION IN SITU ET LA GESTION À LA FERME

La conservation « in situ » désigne le maintien et la reconstitution de populations d’espèces viables dans leur milieu naturel et, dans le cas des espèces végétales cultivées, dans le milieu où se sont développés leurs caractères distinctifs.

En France, la conservation in situ concerne principalement les plantes sauvages ou les sauvages apparentées.

La gestion à la ferme peut concerner :

  • Les populations locales
  • Les vieux cultivars/variétés
  • Le matériel non fixé (mélange de génotypes le plus souvent)

 

LA CONSERVATION EX SITU

Les ressources peuvent également être conservées en dehors de leur milieu naturel. Cette méthode est notamment nécessaire lorsque l’environnement est menacé.

Elle se pratique :

  • dans des vergers ou jardins conservatoires ;
  • sous forme de banques de graines ou de vitroplants, conservés généralement au froid.

 

On gère ainsi des anciennes variétés locales, des cultivars, des espèces sauvages apparentées, utilisées par les chercheurs et les sélectionneurs (CIRAD, IRD, INRAE, semenciers, amateurs…).

En France, la gestion ex situ est faite à travers les centres de ressources biologiques et les réseaux de conservation des ressources génétiques qui associent la recherche publique et les sélectionneurs privés, les associations d’amateurs…

En dehors de la France, au niveau mondial, les principales banques de gènes ex situ se retrouvent sur la carte ci-dessous.

La gestion dynamique est une forme de conservation ex situ. Des populations d’une espèce sont cultivées sous une pression de l’Homme minimale et dans des environnements différents, afin de recréer des conditions d’évolution de la diversité génétique par sélection naturelle. Elles sont ensuite récoltées.

Banques dans le monde

Avec la contribution de chaque pays, la FAO établit un état des ressources génétiques pour l’alimentation et l’agriculture au niveau mondial. Dans son deuxième rapport de 2010, l’organisation liste plus de 1.750 banques de gènes dans le monde, où sont conservées des collections de graines et de plantes.

Plus de 2.500 jardins botaniques, qui conservent également d’importantes collections ex situ, sont également répertoriés. Dans son rapport, la FAO recense 7,4 millions de ressources conservées au niveau mondial, soit une hausse de 20 % depuis 1996, date de son premier bilan.

MISE EN PLACE DE LA GESTION DES RESSOURCES

1920
Vavilov : premier travail de prospection et mise en place de collections.


1967
Frankel : définition des ressources génétiques d’une plante que l’on veut améliorer, de l’ensemble des espèces, des races, variétés, génotypes que l’on peut utiliser pour intégrer certains caractères génétiques.


1972
Déclaration de Stockholm sur l’environnement lors de la première Conférence des Nations unies sur l’environnement humain. Pour la première fois, les questions écologiques – dont la conservation de la biodiversité – sont placées au rang de préoccupations internationales.


1974
Création de l’IBPGR (International Board for Plant Genetic Resources) par la FAO : centres internationaux de conservation des ressources génétiques.


1980
Création du Programme coopératif européen sur les ressources phytogénétiques (ECPGR) sur la base des recommandations du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement), de la FAO (Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture) et d’EUCARPIA (Association européenne pour l’amélioration des plantes).
C’est un programme de collaboration entre la plupart des pays européens, visant à assurer la conservation à long terme et à faciliter l’utilisation des ressources phytogénétiques en Europe.


1983
Engagement international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture par la FAO : reconnaissance des ressources génétiques comme un patrimoine commun de l’humanité.


1983
En France, création du BRG (Bureau des Ressources Génétiques) : structure nationale chargée d’organiser l’évaluation des ressources, leur conservation et de diffuser l’information.


1992
Conférence des Nations-Unies sur l’environnement et la biodiversité à Rio et adoption de la convention sur la diversité biologique (CDB) : intérêt de la gestion des ressources génétiques végétales et animales, éléments de la biodiversité ; principe de la souveraineté de chaque Etat sur ce patrimoine.


1993
Renforcement du BRG en France : mise en place d’une charte nationale pour les ressources génétiques en France.


1996
Conférence technique internationale de la FAO à Leipzig : mise en oeuvre d’un plan d’action mondial pour la conservation et l’utilisation durable des ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture.


2001
Conférence de Rome et adoption du Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l’alimentation et l’agriculture (TIRPAA) : traité sous l’égide de la FAO pour faciliter l’accès aux ressources génétiques de 64 espèces importantes pour la sécurité alimentaire mondiale.


2008
En France, création de la FRB (Fondation pour la recherche sur la biodiversité) qui est un point de convergence entre les différents acteurs scientifiques et les acteurs de la société de la biodiversité. La FRB est issue de la fusion du Bureau des ressources génétiques (BRG) et de l’Institut français de la biodiversité.
Susciter l’innovation, promouvoir des projets scientifiques en lien avec la société et développer études, synthèses et expertises sont autant d’actions au cœur de son dispositif.


2010
Adoption du protocole de Nagoya sur l’Accès et le Partage des Avantages (APA) lors de la 10ème conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB).


2015/2016
En France, création de la section transversale du CTPS relative à la conservation des ressources phytogénétiques d’espèces cultivées et de leurs apparentées sauvages.
Les membres composant la section sont impliqués dans la conservation, la caractérisation et la valorisation des ressources phytogénétiques sur des espèces variées représentatives de la diversité cultivée sauf celle des arbres forestiers.
Les missions de la section, publiées par l’arrêté du 27 mai 2016, s’organisent autour des grands axes suivants :

  • Reconnaissance officielle des acteurs et des collections ex situ, in situ et « à la ferme » de ressources phytogénétiques cultivées ;
  • Définition des priorités et validation des actions de sauvegarde sur les collections menacées ou les « espèces orphelines » ;
  • Participation à la mise en œuvre des accords internationaux relatifs aux ressources phytogénétiques.

En savoir plus sur la Coordination nationale


A partir de 2017
Lancement d’appels à projets pluriannuels de la part du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation pour soutenir les initiatives portant sur la caractérisation et la pérennisation des collections de ressources phytogénétiques de plantes cultivées.


Avril 2021
Création d’un Fonds de dotation pour la préservation de la biodiversité cultivée. Ce fonds, mis en place par 8 structures* impliquées dans les ressources génétiques, est présidé par une personnalité reconnue : Marion Guillou.

* ACVF (Association des créateurs de variétés fourragères), CCVS (Conservatoire des collections végétales spécialisées), CNPMAI (Conservatoire des plantes à parfum, médicinales et aromatiques), GEVES (Groupe d’étude et de contrôle des variétés et des semences), PROMAÏS (Association pour l’étude et la promotion du maïs), SNHF (Société nationale d’horticulture de France), UFS (Union française des semenciers) et SEMAE.

Depuis 2018, SEMAE, l’interprofession des semences et plants, verse 350.000 euros chaque année pour moitié à ce fonds pour les collections nationales et pour moitié au TIRPAA pour les collections internationales.

Voir la liste des projets financés

En savoir plus sur le TIRPAA

RECONNAISSANCE OFFICIELLE DES GESTIONNAIRES DE COLLECTION DE RESSOURCES PHYTOGÉNÉTIQUES

Un décret paru en 2015 (N° 2015-1731) établit, pour la première fois, une reconnaissance officielle de gestionnaire d’une collection de ressources phytogénétiques attribuée aux personnes physiques ou morales qui notamment :

  • Assurent la traçabilité amont et aval des flux de ressources afin de connaître les fournisseurs directs de ressources et les utilisateurs auxquels un échantillon de ressource a été distribué, notamment en conservant les documents de traçabilité amont et aval ;
  • Conservent les informations sur le statut juridique des ressources, notamment en ce qui concerne l’existence ou l’absence de titres de propriété intellectuelle et de clauses relatives à leur distribution et à leur utilisation ;
  • Définissent les méthodes et les moyens nécessaires à la conservation des ressources ;
  • S’engagent à tenir à jour une base de données leur permettant d’enregistrer les ressources phytogénétiques qu’elles gèrent et d’identifier, en particulier, les ressources patrimoniales ;
  • S’engagent à transmettre la liste des ressources, sur demande, au ministre chargé de l’Agriculture, dans le cadre de ses actions de coordination nationale. Elles rendent publiques les informations relatives aux ressources phytogénétiques patrimoniales dont elles disposent. La nature de ces informations peut être précisée par arrêté du ministre chargé de l’Agriculture.

La section du CTPS relative à la conservation des ressources phytogénétiques s’est réunie le 23 octobre 2019 et a proposé, pour la première fois, la reconnaissance comme gestionnaires de deux porteurs individuels et d’un réseau.

Consulter la liste des gestionnaires de collections reconnus par l’Etat