Ressources pédagogiques de la filière semences
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Les ressources génétiques végétales
sont-elles en voie d’appauvrissement ?

UNE ÉROSION INQUIÉTANTE POUR LES HABITATS NATURELS

L’IPBES (Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques, le « GIEC de la Biodiversité »), à travers son rapport de 2019, fait le constat d’une détérioration de la biodiversité au niveau mondial. Il insiste notamment sur l’érosion dans les habitats naturels ainsi que dans les « hotspots » (« points chauds ») de biodiversité, c’est-à-dire les endroits qui contiennent le plus d’espèces endémiques (par exemple la Forêt amazonienne).

L’IPBES indique que « Depuis 1900, l’abondance moyenne des espèces locales dans la plupart des grands habitats terrestres a diminué d’au moins 20% en moyenne. Plus de 40% des espèces d’amphibiens, près de 33% des récifs coralliens et plus d’un tiers de tous les mammifères marins sont menacés. La situation est moins claire pour les espèces d’insectes, mais les données disponibles conduisent à une estimation provisoire de 10% d’espèces menacées. Au moins 680 espèces de vertébrés ont disparu depuis le 16ème siècle et plus de 9% de toutes les races domestiquées de mammifères utilisées pour l’alimentation et l’agriculture avaient disparu en 2016, et 1. 000 races de plus sont menacées. »

Communiqué de presse de l’IPBES

L’IPBES constate une diminution des espèces et variétés locales, mais pas des plantes cultivées. En effet, grâce à des actions de conservation mises en place progressivement aux niveaux mondial et national depuis le début du 19ème siècle, les ressources génétiques végétales des espèces cultivées importantes pour l’agriculture et l’alimentation ont pu être préservées.

Le rapport souligne aussi le rôle des espèces exotiques envahissantes sur la diminution de la biodiversité, en particulier pour les espèces endémiques.

LUTTER CONTRE LA PROPAGATION DES ESPÈCES EXOTIQUES ENVAHISSANTES

Le Règlement européen n°1143/2014 relatif à la prévention et à la gestion de l’introduction et de la propagation des espèces exotiques envahissantes a pour objectifs de prévenir, de réduire et d’atténuer les effets néfastes sur la biodiversité de l’introduction et de la propagation d’espèces exotiques envahissantes au sein de l’Union européenne.

Les espèces visées, végétales, mais aussi animales, sont interdites d’importation, de transport, de commercialisation, de culture et d’introduction dans l’environnement. Les États membres doivent prendre toutes les mesures nécessaires pour prévenir l’introduction ou la propagation non intentionnelle.

La liste des plantes concernées est mise à jour régulièrement par des règlements délégués : n°1141/2016, n°1263/2017 et n°1262/2019 du 25 juillet 2019, ce dernier rajoutant 13 nouvelles espèces végétales à la liste des plantes interdites.

Code de conduite relatif aux plantes exotiques envahissantes

Liste des plantes concernées

LE RISQUE DE DISPARITION DES POLLINISATEURS

La majorité des différentes espèces utilisées au niveau mondial en cultures vivrières (beaucoup de fruits) dépendent de la pollinisation par les insectes et les animaux.

Cependant, les espèces qui représentent 80% du régime alimentaire des humains ne dépendent pas de la pollinisation par les insectes et autres animaux (comme le blé, le maïs, le riz ou la pomme de terre).

En France, de nombreuses actions sont ainsi conduites par les professionnels des semences (entreprises et agriculteurs spécialisés) afin de favoriser le développement des pollinisateurs (par exemple la démarche Beewapi), alliés incontournables de la pollinisation des productions de semences de plantes allogames à fécondation entomophile (par les insectes), comme le colza, le tournesol et de nombreuses potagères (carotte, concombre, etc.).

Pollinisation et qualité des semences

De la pollinisation à la formation des graines et des fruits

Mieux polliniser les parcelles de production des semences

UNE DIVERSIFICATION VARIÉTALE NÉCESSAIRE

La diversification des variétés cultivées est un élément important et nécessaire à la préservation de la biodiversité. A travers la création variétale, les agriculteurs bénéficient d’un vaste potentiel de diversité génétique, qui s’enrichit d’environ 450 nouvelles variétés par an, rien qu’en France.

Les variétés, nées d’un brassage génétique rendu possible par la maintenance préalable d’une large collection de variétés déjà existantes, sont diffusées au plan local, national, voire international. Elles sont sélectionnées pour s’adapter à des conditions de sols, de cultures et de climats très diverses.

Ainsi, la création variétale contribue à mettre à disposition des agriculteurs une large diversité génétique végétale qui correspond à leurs besoins.

C’est ainsi que pas moins de 23.000 variétés d’espèces agricoles et plus de 21.000 variétés d’espèces potagères sont disponibles sur le territoire de l’Union européenne.

Le Catalogue Européen des espèces potagères

Le Catalogue Européen des espèces de grandes cultures et plants de pomme de terre

DE NOMBREUX LEVIERS EXISTANTS AU SEIN DES PRATIQUES AGRICOLES

De nombreux facteurs et modifications de l’espace agricole ont participé à la diminution de la biodiversité.
A titre d’exemple : la réorganisation des parcelles (remembrement), la diminution des surfaces de prairies et de cultures fourragères (luzerne, trèfle violet…), l’augmentation des terres labourables, la simplification des assolements, la régression des zones humides, la disparition des haies et des arbres isolés…

Mais l’agriculture peut également avoir un rôle positif, et participer à enrichir la biodiversité : biodiversité biologique des sols (avec les assolements et rotations, jachères, inter-cultures, engrais verts…), diversité botanique (en bords de champs, chemins, haies, bois, talus, clôtures…), diversité de la microfaune (par des zones fleuries, zones de nidifications, corridors…), diversité de la macrofaune (zones refuges, espèces protégées…), conservation des ressources génétiques, etc.