Ressources pédagogiques de la filière semences
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Décrire la parcelle

OBSERVER LES CARACTÉRISTIQUES DE LA PARCELLE

Avant d’améliorer ou de ressemer une prairie, il faut examiner en détail ses différentes caractéristiques agronomiques et les confronter aux objectifs de l’éleveur.

Une première traversée de la parcelle permet de faire une première estimation du potentiel agronomique.

La fiche de diagnostic facilite le travail de notation et tient lieu d’aide mémoire pour n’oublier aucun critère essentiel à la décision.

1 – l’aspect général

On notera d’abord la situation générale de la parcelle et les conséquences de la topographie sur son exploitation : situation séchante en été, risque d’inondation, facilement labourable ou non, pente forte ou pas, etc. puis l’aspect superficiel du sol : caillouteux, filtrant ou pas, la facilité de l’eau à migrer dans le sol. Ces indications permettront lors de la décision finale, de déterminer la technique la mieux adaptée : labour, semis direct…

2 – la vue globale de la flore

Il est d’abord utile de noter si le tapis végétal est dense ou clairsemé. Puis il faut rechercher la présence ou pas de mulch (matière organique morte en surface), de feutrage (système racinaire en surface induit par la présence de mulch), la présence de refus.

3 – le sol

Observer en surface d’éventuelles fentes de rétractation révélant une forte teneur en argile. Observer la présence de turricules de vers de terre qui indiquent une bonne activité biologique du sol. Leur absence révèle souvent un problème d’hydromorphie. En profondeur, un trou de 30 cm réalisé avec une bêche permet d’estimer la profondeur de l’enracinement, la présence d’ancienne semelle de labour, de cailloux, des traces d’hydromorphie.
L’analyse de sol ou l’analyse des feuilles pour déterminer la teneur en P et K, et la recherche du pH sont bien sûr très utiles car les sols de prairies dégradées sont souvent acides, lessivés et pauvres en P et K.

FAIRE L'HISTORIQUE DE LA PARCELLE

L’amélioration d’une prairie comporte 5 points clés :

  • Éliminer la cause de dégradation ;
  • Introduire une semence d’espèce adaptée à l’objectif d’utilisation et aux conditions pédoclimatiques ;
  • Adapter le mode d’exploitation (stade, hauteur) ;
  • Raisonner la fertilité et le pH ;
  • Aménager la parcelle.

La discussion avec l’éleveur permet de retracer l’historique de la parcelle pour comprendre les causes de son état actuel, et de repréciser les objectifs de production de cette parcelle.


1 – installation et situation de départ

Si la prairie est d’installation récente, il est bon de savoir comment s’est réalisé le semis : mode de semis, espèces semées, amendements et fertilisation, quels entretiens réalisés (hersage, ébousage, fauche des refus).

2 – la fertilisation annuelle

L’efficacité de la fumure est un révélateur important du potentiel. Si la productivité reste médiocre malgré des apports importants, c’est que la flore est peu performante. Il est aussi nécessaire d’observer l’activité biologique du sol. La rénovation s’imposera car il est très long d’améliorer une prairie permanente dégradée même avec des fertilisations NPK élevées.

3 – le mode d’exploitation

Notez le mode dominant : pâturage (par quel type d’animaux et comment, tournant, libre, au fil), ensilage, foin. Comment sont exploitées les repousses.

4 – les dates d’exploitation

Une exploitation trop tardive et rase à l’automne entraine un épuisement prématuré de la prairie. Une première exploitation trop tardive au printemps (absence de déprimage) entraine une dégradation : moins de tallage, de densité, facilitation de l’arrivée d’adventices.

5 – le type d’animaux et le chargement

Tous les herbivores n’ont pas le même comportement : les ovins rasent, font peu de refus, répartissent leur déjections idéalement et tassent le sol en surface. Les chevaux piétinent par des déplacements importants, rasent, concentrent leur déjections au même endroit, déterminent des zones de refus d’environ 30% de la surface offertes. Les bovins peuvent présenter des homogénéités liées à leur fréquentation : points d’abreuvement, zones de couchage. Les emplacements des anciens bousas et l’éventuel contraste avec le reste de la surface peut permettre de révéler une carence de fertilité ou une surexploitation automnale.

6 – les accidents éventuels

La productivité peut être affectée par des accidents ou négligences : gelée, inondation, sécheresse exceptionnelles, sangliers, taupes, rongeurs, rouler sur l’herbe gelée, épandre du fumier trop pailleux ou mal émietté, laisser des boules de foin ou d’enrubannage trop longtemps dans la parcelle.

NOTEZ LES OBJECTIFS DE L’ÉLEVEUR

Pour que la démarche d’amélioration porte pleinement ses fruits, il faut que la méthode globale proposée offre un bon compromis entre ses besoins et les contraintes liées à l’exploitation : conditions pédoclimatiques, accessibilité de la parcelle, potentiel et fragilité du sol, mode d’exploitation de l’herbe, place de l’herbe dans le système fourrager, qualité de l’herbe et calendrier.

Avant de rénover, il est souvent nécessaire d’assainir, de drainer, de chauler ou d’apporter une fertilisation de fond, tout en tenant compte de la réglementation générale ou locale.

Il faut considérer non seulement la parcelle en tant que telle, mais aussi sa place parmi un ensemble de parcelles.