Ressources pédagogiques de la filière semences
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Établir un diagnostic

INTERPRÉTER LES CRITÈRES DE LA FICHE DIAGNOSTIC

Comme son nom l’indique, la fiche de diagnostic permet de disposer d’une vue globale sur tous les critères permettant de porter un diagnostic : c’est-à-dire définir la situation exacte de la prairie par rapport aux souhaits de l’éleveur et aux nécessités de l’élevage pratiqué.

En fait, les renseignements qu’elle renferme maintenant vont apporter des éléments de réponses aux trois principales questions qui se posent à l’éleveur :

  • Faut-il rénover la prairie ou bien peut-on espérer l’améliorer par des interventions « douces » ?
  • Faut-il labourer ?
  • Faut-il intervenir au printemps ou en automne ?

Répondre à ces questions revient à faire la préconisation attendue par l’agriculteur. Répondre correctement nécessite :

  • de bien connaître les méthodes d’amélioration et de rénovation (voir chapitre suivant) ;
  • de bien interpréter les critères qui figurent sur la fiche de diagnostic.

LES OBJECTIFS DE L’ÉLEVEUR

Les objectifs de l’éleveur sont à prendre en compte tout d’abord en tenant compte des contraintes technico-économiques qui pèsent sur lui.

Ainsi pourront être définies les orientations stratégiques de l’opération :

  • Vaut-il mieux un résultat rapide et/ou un résultat de longue durée ?
  • Faut-il préserver la production malgré l’intervention ?
  • Le sol doit-il être ménagé (parce qu’il est battant ou que sa faune est active, par exemple) ?
  • Peut-on disposer d’un semoir pour semis direct ?
  • Cherche-t-on à intervenir au moindre coût ou à gagner du temps de travail ?

Ces orientations qui influenceront le choix de la méthode d’intervention sont parfois contradictoires. Il faudra donc définir des priorités.

Mais aucune décision ne peut être prise sans tenir compte des caractéristiques de la parcelle car elles peuvent se révéler éliminatoires pour certaines méthodes.

LES CARACTÉRISTIQUES DE LA PARCELLE

Les caractéristiques de la parcelle déterminent en effet la faisabilité de chaque méthode d’intervention et permettent de répondre aux trois principales questions que se pose l’agriculteur.

La nécessité de rénover dépend...

De la quantité de bonnes graminées

  • Moins de 5% de Ray-grass, avec une prédominance d’Agrostide associée à des graminées médiocres (Fétuque rouge, Pâturins communs, Houlque laineuse) ou bien à des joncs et carex, conduisent à préconiser un ressemis. Selon les cas un chaulage, une fertilisation de redressement ou un assainissement voire un drainage seront nécessaires.
  • De 5 à 15% de Ray-grass mais avec une prédominance d’Agrostide associée à des graminées médiocres, à la Crételle, la Houlque laineuse, et parfois la Fétuque rouge, nécessitent de ressemer si l’on veut les meilleures chances de réussite.
  • Plus de 15 % de Ray-grass et au total plus de 30 % de bonnes graminées permettent d’envisager une amélioration par la fertilisation et un mode d’exploitation adapté. Le semis ne sera conseillé que dans le cas où la flore ne correspond pas aux besoins de l’agriculteur ou bien s’il souhaite une amélioration très rapide.

De la profondeur d’enracinement

  • Si la majorité des racines ne dépasse pas 10 cm : la prairie est en mauvais état général et les possibilités d’amélioration sont certainement limitées : la structure, le taux d’argile, l’excès d’humidité du sous-sol sont à évaluer et si possible à corriger.
  • Un semis n’est possible que si des améliorations sont réalisées : assainissement, éventuellement chaulage. Il est vraisemblable, de plus, que la prairie ait été mal exploitée : pâturage en sol trop humide, maintien des animaux trop tard en saison, etc ; il est donc nécessaire de revoir le mode d’exploitation de la prairie.
  • Si la masse racinaire atteint 10 à 15 cm : la prairie est peu productive, un ressemis sera vraisemblablement nécessaire.
  • Si la majorité des racines dépasse 15 cm : la prairie est productive. Le ressemis n’aura d’intérêt que si les espèces présentes sont de médiocre valeur fourragère.

De la présence de nombreuses plantes vivaces

  • Si la prairie est envahie par de nombreuses plantes vivaces, particulièrement les espèces à rhizomes (liseron, chiendent, chardon des champs, prêle…) il est indispensable d’avoir recours à un désherbage systémique puissant suivi éventuellement d’un labour.

La possibilité de labour dépend...

Du taux d’argile du sol

  • Les sols sont battants lorsqu’ils sont limoneux ; dans ce cas, le labour est à éviter. Un semis sans labour, qui permet de maintenir une proportion de matière organique importante en surface, et qui pallie ainsi le défaut de structure du sol, est alors à préconiser.
  • De 20 à 30 % d’argile, le labour est possible.
  • Au-delà de 30 % d’argile, le labour d’automne est nécessaire à condition que la prairie ne soit pas noyée durant l’hiver. Le semis direct est la seule solution rapide pratique dans ce cas. Les sols argilo-sableux, ou sablo-argileux peuvent être labourés sans problème, sauf si le labour risque de remonter des cailloux en surface.

De la présence d’un feutrage important

  • La présence d’une grande quantité de matière organique non décomposée en surface est le signe d’une mauvaise activité biologique du sol. Elle justifiera très souvent le labour (précédé éventuellement d’un déchiquetage au cultivateur rotatif) pour permettre sa décomposition par enfouissement. Si le labour n’est pas possible un désherbage total avant l’hiver est obligatoire.

De la présence d’horizons compactés

  • Obstacle au bon développement des racines, à l’aération et à la bonne circulation de l’eau, un sol compacté doit impérativement être labouré. Il conviendra ensuite d’adapter le mode d’exploitation pour éviter le retour de cette situation.

De la présence d’un sous-sol caillouteux ou d’une roche mère à faible profondeur

  • Dans ce cas le labour est à proscrire car il fait remonter de nombreux cailloux en surface.

De l’hydromorphie

  • Dans les sols hydromorphes le labour est à éviter. Ils doivent être drainés préalablement à toute amélioration.

De la pente

  • Labourer les sols en forte pente les expose à l’érosion qui risque de faire disparaître la couche la plus productive du sol. Il faut donc éviter de labourer dans ce cas.

L'intervention au printemps ou en automne dépend...

De la présence d’un feutrage ou de nombreuses plantes vivaces

  • Cela impose des opérations de préparation du sol en été ou à l’automne suivies du semis au printemps.

De l’hydromorphie

  • Le semis d’été est souvent le seul réalisable dans les prairies humides qui doivent néanmoins être assainies auparavant.